La crise du Coronavirus : un tremplin pour relancer l’industrie textile au Mali ?

La pandémie du Coronavirus a contraint nombre de pays à travers la planète à se tourner vers l’industrie locale pour atténuer le choc d’une pénurie en équipements indispensables pour affronter la maladie. Le Mali ne fait pas exception à cette nouvelle règle, imposée par le virus parti de la Chine pour se répandre dans le monde entier.

Pour le masque de protection devenu une denrée rare en cette période de pandémie, des géants du monde tout comme des petits pays d’Afrique dépendaient de l’Asie pour leur approvisionnement. Depuis l’apparition de la pandémie, la donne a évolué. Chaque pays mobilise ses compétences et réoriente son industrie pour soutenir l’effort de guerre, en produisant des masques, des solutions hydro-alcooliques ou encore des respirateurs.

Au Mali, le président Ibrahim Boubacar Keita a fait appel au génie local pour produire 20 millions de masques au profit de la population.

Dans son viseur, il y a les industries textiles, notamment la COMATEX et BATEX-CI qui sont les plus importantes.

Le président Keita associe également le secteur artisanal et des « tailleurs qualifiés » pour relever le défi du programme « Un malien, un masque ». Si l’appétit était grand au début du lancement du programme, les espoirs quant à une relance de l’industrie textile ne sont pas aussi grands, dans la mesure où les principales unités textiles étaient au bord de la faillite avant l’interruption de la pandémie du coronavirus.

Sans un programme d’accompagnement conséquent, il sera difficile de faire tourner la machine industrielle locale, malmenée par la concurrence chinoise, qui continue de garder le monopole du marché.

Selon des responsables de la COMATEX, la compagnie a reçu une commande de 3 millions de masques dans le cadre de la lutte contre le coronavirus. En plus de cette commande publique, des structures locales sollicitent également l’usine basée à Ségou pour des besoins en masque. Mais, au rythme actuel, l’heure n’est pas à la relance de l’industrie textile qui, du reste, nécessite des investissements conséquents pour pouvoir être à la hauteur des défis sanitaires.

Cependant, des acteurs informels tirent leur épingle du jeu. Plusieurs tailleurs se sont orientés vers la confection de masques réutilisables à base de tissus pour prévenir la pénurie et la flambée des prix.

L’armée est également mobilisée, avec une production journalière évaluée à 5 000 masques. Pour le secteur informel, touché par les effets économiques du coronavirus, le «business » des masques est une opportunité inespérée, même si beaucoup s’y sont mis en mettant en avant l’aspect humanitaire.

L’incidence sur l’accélération de l’industrie textile locale n’est pas encore palpable, bien que la maladie prouve l’impérieuse nécessité de se doter d’industries afin de réduire autant que possible la dépendance vis-à-vis de l’extérieur pour certains besoins essentiels.

Le Mali gagnerait à tourner le regard vers ses industries, une fois la Covid-19 boutée hors de ses frontières. Il n’est pas admissible que le champion africain du coton dépende de l’Asie pour se procurer en masques, qu’il peut fabriquer localement, à moindre coût.

Aly BOCOUM

Source: Bamakonews
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