Edito : Qu’en penses-tu, Seïdina Oumar Dicko ?
La signature de l’accord pour la mise en œuvre des résolutions et recommandations du DNI donne lieu à des cérémonies » théâtrales » de signatures qui consacrent, c’est selon, des retrouvailles ou des divisions de la classe politique malienne. Etait-il nécessaire de passer par cette » copie collée » pour donner de l’allant aux conclusions du DNI ?
Nous constatons qu’après la cérémonie de signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, accord dit d’Alger (mai / juin 2015), après la signature de l’accord politique de gouvernement, le 2 mai 2019, qui contribua à la fracture, tout au moins, en partie, de l’opposition et de la majorité, le Premier ministre Boubou Cissé a apparemment pris goût aux cérémonies de signature aux allures de ralliement, sans en mesurer l’impact.
En effet, en démultipliant les cérémonies de signatures et en les mettant au goût du jour, il prend le risque de lasser certains de ses interlocuteurs et de ne pas réunir les suffrages qu’il souhaite pour la mise en œuvre des recommandations du DNI. Les retombées, qui plus est, ne sont pas tangibles car certains participants au DNI manqueront infailliblement à l’appel, pour des motifs multiples.
Par ailleurs, si, franchement, la cérémonie de signature » spectacle » de l’accord dit d’Alger s’expliquait largement après les douloureux événements qui ont suivi le massacre de Kidal, le 17 mai 2014, signature que Boubou a suivie de loin en tant que Ministre, celle de l’accord de gouvernement interrogeait déjà du fait de son caractère ostentatoire, » théâtral » et inapproprié, qui allait permettre à certains candidats de la majorité, et pas des moindres, de freiner des pédales pour ne pas s’exposer à la risée des activistes ( qui l’ont dépeint comme un appel du pied à partager le gâteau) et à la vindicte du noyau dur de l’opposition qui dénonçait les conditions d’adhésion au gouvernement de mission avec les risques de voir inutilement grossir la taille d’un gouvernement de » signataires » et d’en affecter l’efficacité.
Mais là, on comprend mal ces cérémonies fracturées, précipitées et peu emballantes qui, de surcroît, rallongeront inutilement la phase de mise en œuvre, donnant le sentiment d’une navigation à vue qui désopilera jusqu’à la commission en charge de la question. La mise en œuvre du DNI va de soi, après le rassemblement de plus de 3 000 participants au CCIB entre le 14 et le 22 décembre, si l’on en croit les organisateurs, d’une part, la qualité des recommandations qui en sont issues, d’autre part. En plus, la mise en œuvre des recommandations du DNI semblait prendre la bonne direction avec l’engagement personnel et solennel du président IBK, lors de ses vœux à la nation, de respecter scrupuleusement les recommandations issues des travaux du DNI et de les appliquer le moment venu. Ce qui, de notre avis, valait tous les engagements au sujet de la mise en œuvre et suffisait à consacrer le DNI comme fait majeur qui s’impose à tous, même aux plus sceptiques. Ne dit-on pas : » Il vaut mieux avoir affaire à Dieu qu’à ses saints » ? Sauf qu’au Mali la juste mesure n’est plus jamais de mise, il faut aller vers l’ostentatoire.
Fait notable, à côté de ce chef d’orchestre improvisé, Boubou Cissé, il y a ceux qui, comme l’honorable Hady Niangado du MPM, ont rapidement cautionné le DNI et ses recommandations, et ont invité avec sagesse les politiques de tous bords à s’y associer pour » sortir le pays de l’impasse « . Il y’a ceux qui, comme Youba Ba de l’ADP Maliba, sans avoir mesuré l’entière responsabilité, ont signé l’accord politique de Gouvernement couplé à ce énième accord et qui, au sortir de la cérémonie, ont toutefois insisté sur le fait qu’ » ils sont de l’opposition et restent à l’opposition « . Il y a aussi ceux qui, ont signé sous la bannière de la majorité, comme le professeur Tiemoko Sangaré de l’ADEMA PASJ, et qui ont lancé un appel à l’opposition pour participer à cette phase de mise en œuvre mais qui ont commis le sacrilège de gâcher leur mission en rappelant que les conclusions du DNI s’imposent à tous » ceux qui ont participé et ceux qui n’ont pas participé » prenant le risque de s’exposer à une interprétation négative de leur » suggestion » alambiquée.
Il y a, enfin ceux qui n’ont pas participé au DNI, comme Soumaïla Cissé de l’URD, chef de file de l’opposition, Dr Cheick Modibo Diarra, le dernier chouchou des électeurs, Modibo Sidibé des FARE Ankawuli, entre autres, des absents possédant probablement de très bonnes idées dont ils ont sevré le DNI et ont constaté, malgré tout, que les » absents ont très souvent tort » et qui, malgré tout, ne se donnent pas les moyens de prendre le train en marche de la mise en œuvre des recommandations du DNI, pour procéder à ce niveau à un dernier réglage salvateur et aux correctifs dont le pays a besoin, oubliant à nouveau cet autre adage qui vaut méditation : » Aux coupes des absents, ne verse point d’absinthe « .
Source: l’Indépendant