Un accord pour la sécurité… de l’impérialisme français

Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, s’est rendu au Mali lundi 22 juin, deux jours après la signature de l’accord de paix entre le gouvernement malien et les rebelles touareg. Il n’a pas manqué de mettre ce texte au crédit de l’intervention militaire française en déclarant : « Nous avions gagné la guerre au début de l’année 2013 et nous venons de remporter la paix. » Mais sur le terrain, cette paix est loin d’être garantie.

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Les négociations qui ont abouti durent depuis maintenant deux ans. Elles avaient commencé en juin 2013 au Burkina Faso et se sont poursuivies en Algérie, mais la France n’a cessé d’en assurer la direction dans les coulisses. L’objectif permanent du gouvernement français a été de transformer les groupes armés touareg en alliés durables pour combattre les djihadistes, afin d’assurer au Mali un régime stable dévoué à l’impérialisme.

Ces groupes touareg, comme le MNLA, ont été à l’origine de la rébellion qui mit en déroute l’armée malienne en janvier 2012, mais ils furent alors rapidement supplantés par les djihadistes du Mujao ou d’Ansar Al-Din. Lorsque l’armée française intervint en janvier 2013, ils retournèrent leur veste et passèrent de son côté. Pour garantir cette alliance, la France multiplia dès lors les gestes de bonne volonté envers eux. L’armée française empêcha ainsi les troupes maliennes de pénétrer dans le Nord du pays, et confia le contrôle de la ville de Kidal aux forces touareg.

La signature de l’accord de paix est donc avant tout un succès pour le gouvernement français, qui a su contraindre ses alliés de Bamako et ceux des mouvements touareg à s’accorder sur un texte. Mais pour la population malienne, qu’elle soit du Nord ou du Sud du pays, cet accord ressemble fort à tous ceux qui, depuis l’indépendance, ont prétendu régler définitivement les conflits entre les régimes de Bamako et les rebellions touareg successives. On y trouve les mêmes ingrédients, l’intégration des rebelles à l’armée malienne, des promesses de subventions pour développer le Nord du pays, des assemblées régionales qui donneront des postes aux chefs des ex rebelles mais ne permettront certainement pas à la population de « prendre son sort en main » comme le prétend l’accord.

La paix et la sécurité de la population sont d’autant moins garanties que, si les mouvements touareg promettent de mettre fin à leur rébellion, les mouvements djihadistes, eux, multiplient les attentats. Ceux-ci ne frappent plus seulement les villes du nord du pays, comme Gao ou Tombouctou, mais aussi la capitale Bamako et les villes du sud.

Une véritable amélioration est impossible sous un régime dont les dirigeants ne pensent qu’à permettre à l’impérialisme français de continuer à piller le pays tout en prélevant leur part au passage.

Daniel MESCLA

Source: lutte-ouvriere-journal.org

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