Chronique satirique: les exploits de Ladji Bourama

Ladji Bourama a de grandes ambitions pour son pays. Si vous en doutez, lisez son programme intitulé « Mali d’abord, inchallah ».

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Un programme si séduisant qu’il a fait élire notre grand chef avec un score soviétique de 77% et poussières. Quand je dis « poussières », il s’agit de grosses poussières qui dépassent les suffrages obtenus par certains concurrents devenus, par la suite, des nomades, griots et assimilés. C’est vous dire que les concepteurs du programme sont des sommités. Surtout, ils ont pris le soin de mentionner à chaque paragraphe le mot « inchallah » qui, en langue coranique, signifie « Si Dieu le veut ». Par conséquent, tout ce que Ladji n’aura pas pu réaliser en cinq ans n’aura pas été voulu par Dieu. Comment, à moins d’être un mécréant ou un « hassidi » invétéré, reprocher à une simple créature ce que le Créateur n’a pas voulu ?

Or donc, depuis son installation à la tête de la marmite nationale, Ladji Bourama travaille sans relâche à l’honneur du Mali  et au bonheur des Maliens. Pour l’honneur du Mali, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, alhamdoulillah : des accords de paix sont signés et la paix est revenue. Les attentats persistants au nord et au centre ? Ce n’est pas le fait des rebelles de la CMA quie Ladji a convertis à la paix, mais plutôt l’œuvre de  terroristes et de narcotrafiquants. Les mêmes qui frappent Paris, Londres, Berlin et ailleurs. Contre ces terroristes-là, nul ne peut rien. Et puis, en français de France, paix ne signifie pas calme plat : nuance !

Sur le chapitre du bonheur des Maliens, il y a de sérieuses avancées depuis trois ans.    Une foule de Maliens mangent régulièrement quatre ou cinq fois par jour. Pas du « tô » ni de la bouillie de mil, mais des cuisses de dinde grillés agrémentées de lait Nido. Pour élargir le cercle de ces bienheureux, l’équipe gouvernementale a été élargie jusqu’à 32 membres. Quand on y ajoute les  directeurs nationaux, régionaux, locaux; les ambassadeurs, consuls et compagnie, il ne reste plus grand-monde sans repas, n’est-ce pas ? Ah ! J’allais l’oublier: il y a aussi les généraux, colonels-majors et colonels qui, du haut de leurs galons, mangent sans rien faire de leurs dix doigts ni rencontrer le moindre terroriste. Sans compter les bandits armés auxquels l’Etat offre gratis le gîte et le couvert dans les palaces de luxe alors que chaque année, ils fêtent l’indépendance de leur charmant Azawad.

Bien sûr ! Les mauvaises langues crient sur les toits qu’ils sont exclus du festin national. Ne les écoutez pas: qui irait appeler au festin des gens qui ont pour métier de critiquer le jour et de hurler la nuit ? Ils feraient bien de laisser Ladji Bourama travailler. Et  Ladji a un programme très chargé. Partout où se décide le sort de ce monde, il débarque à bord de son imposant Boeing 727. Oh! De temps à autre, le cher coucou tombe en panne entre le Rwanda et la Namibie, mais rien de bien grave: il tient toujours comme un cric, même si, jusqu’à présent, Ladji se méfie de le confier à un pilote malien. Avec les bouillabaisses, pardon!, les diplômes délivrés par nos universités, on n’est jamais trop prudent. Figurez-vous que nos licenciés et maîtrisards ne savent même pas conjuguer les verbes au subjonctif ! Mais passons…

Ladji Bourama a été reçu à Paris par son ami François Hollande. Pas une simple visite comme celle que rendrait un politicien au chef de village de Nampala, que non! Mais une visite d’Etat. Les mots ont leur sens en diplomatie: un visiteur d’Etat a droit à des promenades dans les jardins de l’Elysée, à plusieurs tête-à-tête avec le chef de la France et, surtout, à un carrosse tiré par des chevaux de race. Après Paris, Ladji Bourama a été reçu en Arabie Saoudite où il a été reçu par le Roi  qui l’a gratifié de  la médaille de Grand Wissam, la plus haute distinction du royaume. A présent, Ladji Bourama séjourne au Qatar, un émirat où il suffit de se baisser pour ramasser du pétrole. Si, après tous ces remarquables voyages, l’hôte de Koulouba n’était pas réélu en 2018, il y aurait franchement de quoi désespérer de la politique !

Tiékorobani

 

Source: proces-verbal

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