Centrafrique: l’année commence avec des tirs meurtriers à Bangui

Tirs meurtriers à Bangui, mouvements de panique de centaines de civils vers des camps de fortune: après une nuit de réveillon relativement calme, l’année 2014 a commencé dans la capitale centrafricaine avec de nouvelles violences.

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Des échanges de tirs ont fait un mort et quinze blessés, dont trois enfants, le jour du Nouvel An, poussant des centaines de civils à fuir vers le camp de déplacés situé à proximité de l’aéroport, a constaté un journaliste de l’AFP.

Selon des témoignages de riverains, des affrontements ont éclaté en fin de matinée dans le 5e arrondissement de la capitale, proche de l’aéroport, entre ex-rebelles Séléka et milices chrétiennes « anti-balaka ». Des tirs d’armes automatiques continus se rapprochaient du camp.

En une heure, 16 personnes dont trois enfants ont été amenées des quartiers voisins à l’hôpital improvisé par Médecins sans frontières (MSF) dans le camp, tous blessés par balle ou victimes d’éclats de munitions. Sous une tente, ils sont soignés à même le sol. Un adulte est décédé des suites de ses blessures.

« Ca n’arrête pas. Hier encore, on a reçu un bébé de six mois qui est décédé après avoir reçu une balle perdue », a déclaré à l’AFP un responsable local de MSF.

La ville s’était pourtant endormie sans incidents majeurs mardi soir, malgré des tirs sporadiques d’armes automatiques dans plusieurs quartiers de la capitale, dont Miskine, Benz-vi, situés dans le centre, et le PK (point kilométrique) 5. D’après des habitants joints par l’AFP, il s’agissait surtout de tirs de joie pour « fêter » la nouvelle année.

A l’intérieur du camp, une tension extrêmement forte régnait mercredi en raison de rumeurs d’infiltration d’ex-Séléka et l’exaspération des déplacés se focalisait notamment sur les journalistes étrangers, faute d’autre interlocuteur. Le personnel expatrié de MSF a quant à lui évacué les lieux.

L’ONG s’était émue lundi que les hôpitaux ne soient pas épargnés, affirmant que des hommes armés avaient fait irruption dans son dispensaire du camp et à l’hôpital communautaire de Bangui, cibles de tirs nourris le jour de Noël.

Paradoxalement, aucune force de la Misca n’était présente aux abords du camp pour sécuriser les lieux mercredi.

Des conditions de vie insupportables

Les barbelés qui séparaient le camp du parking de l’aéroport, base des soldats français de l’opération Sangaris et de la force africaine (Misca), ont été enlevés et de nombreux civils déplacés circulaient mercredi entre les deux sites. Environ 200 personnes terrorisées ont trouvé refuge à l’intérieur même de l’aéroport.

Mardi, plusieurs centaines de manifestants, excédés par l’insécurité et leurs conditions de vie déplorables, avaient envahi le tarmac de l’aéroport, empêchant les avions de décoller. Ils demandaient également à l’armée française d’accélérer les opérations de désarmement des ex-rebelles.

Autour de l’aéroport, ils sont environ 100.000 déplacés vivant sous des tentes de fortune, dormant à même le sol, pour qui l’accès à l’eau et à la nourriture est un casse-tête quotidien, selon des estimations de responsables humanitaires.

Chrétiens pour l’immense majorité, ils sont venus se placer sous la protection des militaires français pour échapper aux exactions des ex-rebelles majoritairement musulmans de la Séléka. De leur côté, les civils musulmans, centrafricains mais surtout tchadiens, fuient la ville.

Ils craignent d’être victimes de représailles de milices d’autodéfense locales chrétiennes « anti-balaka » ou de foules les accusant de connivence avec les Séléka qui ont chassé le président François Bozizé du pouvoir en mars 2013.

Au total, l’Unicef a recensé 55 sites de déplacés dans la capitale, où s’entassent – dans des conditions sanitaires désastreuses – 370.000 hommes, femmes et enfants. Pour la plupart, ce sont des Banguissois – la ville compte 800.000 habitants – mais aussi des Centrafricains venus de province en espérant trouver un peu de tranquillité à Bangui.

Les tueries intercommunautaires ont fait un millier de morts dans la capitale centrafricaine depuis le 5 décembre, date du début de l’intervention française.

Jeudi matin, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, effectuera une visite à Bangui pour « discuter » avec les soldats français de la force Sangaris, qui peinent jusque-là à restaurer l’ordre dans la capitale centrafricaine, a-t-on appris auprès de l’armée française.

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