IBK : Du plébiscite à la déception

 

president ibrahim boubacar keita ibk discours investiture madame keita AMINATA maiga premiere dame Il était une fois, les Maliens ont amèrement regretté d’avoir, dans leur majorité, porté le choix sur un homme, qui, à leurs yeux, était l’homme de la situation. A savoir recouvrer l’entièreté du territoire du pays, gérer la crise dans le septentrion malien, recoudre le tissu social mis en mal depuis janvier 2012, redonner l’espoir aux Maliens avec à la clé une lutte implacable contre la corruption, le détournement de deniers publics et le chômage des jeunes. Avec cet homme « providentiel », le Mali devrait retrouver son HONNEUR et les Maliens le « BONHEUR », d’où le slogan choc de campagne « LE MALI D’ABORD ». Mais, l’espoir s’est envolé et les Maliens « se mordent le doigt » d’avoir fait, inconsciemment, le mauvais choix. IBK dispose-t-il encore du temps et des ressources pour se rattraper ?

Sur la base de son patriotisme (nul ne doute de cela) et en foi en son « kankélétiguiya » (le respect de la parole donnée), les Maliens ont cru en lui, et lui ont gratifié de la légitimité nécessaire pour conduire les affaires du pays et le sortir du gouffre. Il est vrai, reconnaissons-le, que la tâche est loin d’être facile. L’homme hérite d’un Etat presque en lambeau occasionné par un coup d’Etat des plus débiles de l’histoire de notre pays et l’occupation d’un tiers du territoire par les djihadistes et autres indépendantistes touarègues. Sans compter la suspension de la coopération avec nombre de nos partenaires, et pas des moindres. Avec comme conséquence, une situation économique et financière nationale moribonde. Et justement, c’est pour toutes ces raisons que les Maliens avaient fondé tout leur espoir en lui pour relever les défis. Ils ont cru en lui, en sa capacité, en son expérience dans la gestion de l’Etat, en son sens élevé de l’Etat, en ses relations, en son génie de management, en son amour pour son pays, et son empathie pour les Maliens. Cet homme, en qui les Maliens ont porté leur choix, il s’appelait Ibrahim Boubacar Kéïta, alias IBK. A l’épreuve de l’exercice du pouvoir, plus de deux ans durant, le peuple malien de juillet et d’Août 2013, ne reconnait plus son homme, ni dans ses vertus d’homme d’Etat qu’il incarnait, ni dans celles d’homme de rigueur et de poigne. S’il a réussi, en deux temps, à signer l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger entre le Gouvernement du Mali et la Plateforme, et ensuite avec la CMA, il peine pour sa mise en œuvre, d’où le statuquo quant au retour de Kidal dans le giron de l’Etat malien. Avec comme conséquence la recrudescence, par endroits du pays, des attaques terroristes meurtrières. S’agissant de la gouvernance, elle bât des ailes. Les scandales financiers à répétition (achat d’avion et d’armements, « engrais frelatés », passation douteuse de marché de 1000 tracteurs, etc. etc.) en sont la preuve éloquente. L’instabilité politique est monnaie courante. En deux ans de pouvoir, trois premiers ministres et au moins cinq gouvernements. Et c’est sûr que ce n’est pas fini. Que se passe-t-il ? IBK, premier ministre d’alors, avait l’un des meilleurs gouvernements qui ont pu mettre en œuvre, avec bien entendu de fortunes diverses, le projet de société du Président Konaré. Aujourd’hui, président de la République, la mayonnaise peine à prendre. Cependant, ce ne sont pas les cadres compétents et vertueux qui manquent. Quel espoir pour les Maliens ! Fort heureusement que la diplomatie s’active, comme elle peut. Et aussi, celle discrète est à la manœuvre. L’organisation, à Bamako, en janvier 2017, du sommet France-Afrique ; les visites très symboliques, en l’espace d’une semaine, du président Allemand Joachim Gauck (14 et 15 février) et du Premier ministre français Manuel Valls (18 et 19 février 2016) sont assez encourageantes. Sans compter, la visite au Mali, la semaine dernière, des membres du conseil de sécurité des Nations Unies venus s’enquérir de l’évolution de la situation globale du pays. Au lot des espoirs permis, les dernières négociations qui semblent porter leurs fruits dans l’affaire de Kidal. A savoir, l’organisation, dans l’Adrar des Iforas, du forum de Kidal prévu vers fin mars. Ce qui signerait le retour plus ou moins rassurant des ex-groupes armés dans le processus de la paix et leur volonté de combattre le terrorisme. L’autre espoir permis est la reprise de la coopération bi et multilatérale avec les partenaires qui comptent. Et le retour prometteur des investisseurs. Sans compter la confiance qui se consolide avec la communauté internationale. La visite d’Etat du Président de la République à Paris. Enfin la reforme en cours de nos forces de défense et de sécurité. S’il n’est jamais trop tard, il est plutôt urgent pour le président IBK, avant la fin de son mandat, de redonner espoir aux Maliens, en améliorant la gouvernance et à être intraitable avec la gabegie, la corruption, en créant de l’emploi pour les jeunes. Seul gage pour lui de mériter d’écrire son nom en lettres d’or dans les annales du pays. Qu’on dise et écrive un jour, à l’image de Modibo Kéïta, d’Alpha Oumar Konaré, d’Amadou Toumani Touré, il était une fois, IBK. ALS

Source: L’Aube

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