KABAKO : l’histoire de Hadja Fatoumata, une dame au cœur d’or victime de sa propre richesse

Je venais d’intégrer la nouvelle mosquée du quartier lorsque je vis pour la première fois, la magnanime Hadja Fatoumata. J’avais beaucoup entendu parler de cette dame au grand cœur qui avait été à l’origine de la construction de cette mosquée ou j’ai été coopté comme imam adjoint.

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Hadja Fatoumata était une femme d’affaires très prospère. Elle avait une quinzaine de camions-remorques, cinq immeubles, de nombreux magasins et plusieurs taxis. Sa générosité était sans limite. Elle faisait beaucoup de dons aux communautés musulmanes. Souvent sollicitée pour des cérémonies de baptême et de mariage, elle n’hésitait pas à mettre la main à la poche. J’ai été surpris d’apprendre que cette très belle femme ne s’était pas remise en ménage depuis la mort de son mari il y a huit ans. L’imam de la moquée nous a présentés officiellement lors d’une cérémonie de mariage.

La mariée était la nièce de Hadja Fatoumata. Elle s’était investie en tant que marraine dans ce mariage. Je venais d’arriver et je ne m’étais pas encore familiarisé avec la communauté, mais je me suis senti bien. J’ai été accueilli chaleureusement. L’imam titulaire avait voulu que je sois à cette cérémonie afin de connaitre tout le monde. En effet, pour des raisons de santé, il s’absentait souvent. J’étais donc chargé de le remplacer de temps à autre.

Hadja Fatoumata était très pieuse. Elle avait déjà effectué quatre fois le pèlerinage et ne ratait aucune prière à la mosquée malgré son emploi du temps très chargé. C’était un honneur pour notre communauté de la voir se fondre parmi nous Elle que tout le monde rêvait de côtoyer. Elle avait offert à la communauté ce chef-d’œuvre architectural pouvant accueillir environ deux cents personnes. Il était doté de plusieurs dépendances, d’une villa pour l’imam principal et de salles de classe pour enseigner le coran aux enfants.

Dès mon arrivée, l’imam m’a logé avec mon épouse dans une des dépendances. J’avais 28 ans et je venais à peine de me marier. En plus de ce beau cadeau qu’était la mosquée, Hadja Fatoumata nous versait un salaire mensuel. Que demander d’autre ? Je me plaisais énormément dans ce cadre. Très vite, nous avons sympathisé. Elle me sollicitait souvent pour des lectures coraniques à son domicile. Plusieurs fois, elle me parlait de son désir de se remarier mais, selon elle, les hommes n’osaient pas la courtiser. Peut-être, avaient-ils peur d’elle à cause de sa fortune ?

Je faisais des bénédictions dans ce sens. En tant que guide, j’avais intérêt à ce que mes fidèles soient heureux. Hadjas Fatoumata voulait un mari, un homme capable de l’aimer. Elle en souffrait et sollicitait nos prières. Nous avons essayé de la rassurer. En vain. Plus les années s’écoulaient, plus sa situation inquiétait. Alors elle nous implorait d’intercéder davantage en sa faveur auprès du Tout-puissant pour qu’un homme s’intéresse à elle.

Des prières exceptionnelles étaient organisées pour la circonstance, mais avec Dieu, il fallait être patient. L’amitié entre Hadja Fatoumata et moi était plus étroite que celle qu’elle entretenait avec l’imam. D’ailleurs, je sentais qu’il en était un peu jaloux. J’étais dans les bonnes grâces de cette dame généreuse qui me prenait entièrement en charge. Lorsque mon épouse est tombée enceinte, elle a payé les soins jusqu’à l’accouchement. Le trousseau du bébé avait été fait par elle.

Il ne se passait pas de jour sans qu’elle ne me sollicité. Elle m’avait même demandé de lui enseigner le coran chaque soir afin qu’elle assimile les paroles du livre saint. Pendant près de trois années, nos rapports étaient excellents.

Quand elle n’était pas en voyage, Hadja Fatoumata passait ses journées à faire des dons. J’avais appris que son défunt mari était très riche. C’était d’ailleurs lui qui l’avait initiée aux affaires. Elle avait trois enfants qui vivraient tous au Canada. Régulièrement, Hadja Fatoumata allait les voir dans ce pays. Las mort de son mari a été un coup si dur qu’elle prit conscience de sa fragilité en devenant humble, pour faire de la charité autour d’elle afin de bénéficier du soutien de Dieu face à ce traumatisme. Car la vie de l’être humain n’est rien.

Avant la mort de son mari, c’était une famille heureuse et unie qui faisait sa fierté. Elle n’avait jamais imaginé une séparation aussi brutale. Son époux n’avait pas été malade. Le jour de sa mort, il s’était rendu comme d’habitude à son lieu de travail, avait passé des coups de fil, signé des chèques pour le salaire mensuel de ses employés avant de s’écrouler devant son bureau. Là, il rendit l’âme. Seule la foi en Dieu a aidé cette dame. Elle est restée digne dans la douleur.

Comme tous les soirs, depuis maintenant un an, j’allais de vingt heures à vingt et une heures dispenser des cours à Hadja Fatoumata. Habituellement, il y avait toujours du monde chez elle. Puis un jour, dès que j’ai franchi le seuil de sa demeure, Hadja a refermé la porte à double tour. Ce soir-là, elle m’a servi un repas copieux qu’elle avait concocté elle-même. Ou étaient donc passées les quatre servantes de Hadja ? Hadja m’a dit qu’elle avait voulu être seule, raison pour laquelle elle les avait libérées.

Après le repas, Hadja m’a apporté de l’eau pour me laver les mains. J’en étais même gêné car c’était tout de même une grande dame. Elle pouvait être ma mère. Je m’apprêtais à partir lorsqu’elle est apparue au salon, habillée dans une robe de chambre très courte. Je suis demeuré figé avec la bouche grandement ouverte. Je venais de deviner ses intentions. Je me sentais très mal à mon aise. La bonne dame m’a invité à la suivre dans chambre. J’ai décliné l’offre, car cela m’engagerait pour la suite. Hadja me supplia en prétextant qu’elle souhaitait avoir un entretien sérieux avec moi. Las de sa supplication, je l’ai suivie dans la chambre, dans son intimité.

Tout était parfaitement décoré. Une très bonne odeur d’encens et de parfum embaumait la pièce. Une lumière tamisée, accompagnée d’une musique douce, plantait le décor de ce cadre enchanteur. Mon cœur battait la chamade. Hadja Fatoumata s’est jetée à mes pieds, me suppliant de lui faire l’amour. Elle me tenait les jambes, en pleurs.

J’ai eu de la peine lorsqu’elle m’a dit ceci : ‘’ Cela fait sept ans que je vis sans rapports sexuels. Après le décès de mon époux, j’ai fait la connaissance d’un homme qui avait promis m’épouser. Sa famille s’y est opposée. Depuis lors, je suis restée seule. J’ai envie de faire l’amour. J’en meurs. Dès le premier jour de notre rencontre, je t’ai aimé. Je t’ai trouvé trop jeune pour moi, mais je n’arrive plus à me contenir. Je te veux, même si c’est pour une nuit. Tu connais mon degré de spiritualité. Toi seul peux me satisfaire et ensuite garder le secret. Tu me connais mieux que quiconque. Considère ma demande comme un service. J’en ai besoin’ ’Je comprenais le désarroi de Hadja Fatoumata, mais je ne voulais pas me faire prendre dans ce piège charnel.

Car le faire une fois susciterait d’autres fois et de façon continue. J’ai donc décline poliment l’offre. J’ai fait comprendre mon élève qu’un maitre ne se conduisait pas ainsi et que cela entraverait nos bons rapports par la suite. Je lui ai aussi demandé d’être patiente quant à la venue d’un homme dans sa vie. Ce soir-là, j’ai laissé une dame malheureuse, à moitié nue, couverte de honte. Je n’ai pas fermé  l’œil de la nuit.je pensais et repensais à la scène. Une si belle femme, de surcroit très riche, s’offrait ainsi à moi. Quel triste sort ! J’ai décidé de garder le secret. J’avoue qu’à un certain moment, j’ai failli céder, mais ma foi m’en a empêché rappelant que cela ne m’honorerait pas. Je suis donc resté digne et j’en suis fier.

Très tôt le matin, Hadja Fatoumata m’appela et me dit :’’Je meurs de honte à cause de ce qui s’est passé hier. Tu as bien fait de refuser. Je regrette déjà mon acte. Heureusement que des gens comme toi existent. La seule chose que je te demanderais, c’est de n’en parler à personne. C’est notre secret. Et pour te récompenser d’avoir été si digne, je t’offre le pèlerinage à la Mecque, cette année. Et dis-toi que je ne t’en veux aucunement. Au contraire, je te respecte’’.

Pendant le pèlerinage, j’ai beaucoup prié pour cette dame, pour toute la communauté, pour ma famille et aussi pour mon pays qui depuis quelques années, était dans la tourmente. A mon retour, j’ai été agréablement surpris d’entendre l’imam dire que quelqu’un demandait la main de Hadja Fatoumata. Amine !

La rédaction

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