Incivisme et Insalubrité à Bamako : La Promenade des Angevins transformée en dépotoir à cause de la Mairie du District
Triste sort que celui de la Promenade des Angevins, initialement prévue pour être un espace vert redonnant à Bamako, son statut de ville coquette. Elle se présentait plutôt comme une Cour des miracles, à cause du manque d’entretien.
L’endroit se situe auprès de l’Assemblée Nationale, entre les grillages qui séparent le goudron des rails. On y note la présence d’un dépotoir d’ordures et c’est le lieu de rencontres de personnes en tous genres, géomanciens, parieurs aux jeux de cartes, vendeurs de médicaments illicites. C’est également un endroit où l’on attache les animaux pour les faire paitre.
Les cocotiers plantés sur le long des rails manquent d’entretien et la poussée d’arbustes sur le long des rails est constatée. Ce manque d’entretien constitue un danger pour la santé publique et anéantit les efforts déployés par les autorités maliennes de l’époque pour rendre la capitale propre, ce qui constitue également un déshonneur pour le Mali.
A la question de savoir pourquoi cet espace vert était devenu un dépotoir, le 3ème Adjoint au Maire de la Commune II du District de Bamako, Abdoulaye Bassolé, nous a répondu que les populations, ne sachant plus où aller déposer leurs ordures, sont obligés de les déverser sur le long des rails. Les GIE, à leur tour, ne le savent pas non plus.
Malgré tout cela, la Maire déléguée, Mme Touré Djénéba Sissoko, du Centre secondaire d’Etat civil de Bagadadji, a créé une association d’assainissement, qui est à pied d’œuvre pour évacuer tous les déchets, En plus de cela, M. Bassolé affirme que la Mairie n’a pas vocation à ramasser les ordures devant les portes, cette tâche incombant aux Groupements d’Intérêt Economique (GIE). Mais le gouvernement a décidé de créer désormais des services d’assainissement communaux dans le District de Bamako, pour le suivi et le ramassage réguliers des ordures, ajoutera-t-il.
Mme Touré affirme avoir créé son Association Femme et Développement du Mali (AFDM), ayant pour vocation l’assainissement, en 1999. «Elle n’a pas été créée pour s’occuper de l’espace vert qui longe les rails, elle n’a pas non plus la capacité de l’entretenir. Elle accomplit seulement des actions de citoyenneté. Elle a également procédé au nettoyage de la mosquée de Bagadadji et de l’Hôpital Gabriel Touré». Selon Mme Touré, l’entretien du site relève des prérogatives de la Mairie du District.
Le Directeur des Services Urbains de Voirie et d’Assainissement (DSUVA), Moussa Bocoum, affirme que la Mairie du District, dans le cadre de l’assainissement, s’occupe seulement de l’évacuation des dépots de transit jusqu’à la décharge finale. Celle des déchets qui longent les rails relève des prérogatives de la Mairie de la Commune II.
Le DSUVA a également affirmé que la Mairie du District évacuait les déchets de certains endroits publics, comme le dépôt anarchique à l’entrée de la Cité du Niger.
Nous avons fait un tour à la Direction nationale de l’Assainissement et du Contrôle de la Pollution et des Nuisances (DNACPN). Le Directeur national, Modibo Diallo, assisté de son Adjoint, Modibo Sacko, nous a sorti le décret N°2014-0572/P-RM du 22 juillet 2014, fixant le détail des compétences territoriales dans le domaine de l’assainissement et de la lutte contre les pollutions et nuisances.
Se référant à ce texte, M. Sacko estime qu’il y a un vice de forme de la part de la Voirie du District, qui gère la police municipale apte à faire déguerpir les usagers qui encombrent et salissent l’endroit. Toujours selon lui, la mission assignée à son service est d’élaborer les élements de politique en matière d’assainissement, une politique déjà adoptée. Elle repose sur la gestion des déchets solides, liquides et dangereux, celle des eaux pluviales et le transfert des compétences, selon le décret pris en Conseil des ministres.
Ce décret stipule que la gestion stratégique est de la responsabilité des collectivités, a-t-il expliqué, ajoutant que d’autres missions lui sont assignées, l’appui aux collectivités et le contrôle de la légalité.
Tout juste samedi dernier, l’association AFDM a une nouvelle fois rendu le site propre, même si elle n’est liée par aucun contrat pour faire ce travail. Mais les usagers qui encombrent et salissent cet espace vert sont toujours sur les lieux.
Adama Bamba