Formation des enseignants : L’ENSUP FAIT SON CHECK-UP
Les problèmes qui plombent notre système éducatif sont nombreux. Au nombre des difficultés, le problème des ressources humaines n’est pas le moindre. Au cours des 20 dernières années, la situation du personnel enseignant s’est caractérisée par l’insuffisance d’enseignants qualifiés et le recrutement massif de non-enseignants de formation dans le système, le manque de confluence entre les programmes de formation des enseignants et ceux enseignés à l’école. Selon les spécialistes en la matière, à tout cela s’ajoutent la marginalisation des options pédagogiques nationales telles que l’approche par compétences (APC) et l’enseignement des langues nationales dans les programmes des écoles normales.
Ces insuffisances ont affaibli les compétences des enseignants et négativement rejailli sur la qualité des apprentissages. Afin de les combler, certaines mesures institutionnelles, pédagogiques, règlementaires et incitatives ont été adoptées et des améliorations ont été constatées.
L’Ecole normale supérieure (ENSUP) a un rôle de leader à jouer sur la question enseignante. Elle s’est engagée à jouer pleinement son rôle d’établissement de formation professionnelle des enseignants. C’est à ce titre qu’un atelier d’évaluation des capacités de l’ENSUP dans la formation des enseignants pour le secteur de l’éducation et de la formation professionnelle se tient depuis hier au Centre international des conférences de Bamako.
L’ouverture des travaux était coprésidée par le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Me Mountaga Tall, et son collègue de l’Emploi, de la Jeunesse et de la Construction citoyenne, Mahamane Baby. Organisé par le ministère de l’Enseignement supérieur en collaboration avec l’Ecole normale supérieure, le séminaire de 5 jours (du 3 au 7 août) va analyser la question enseignante, le perfectionnement à la lumière des besoins exprimés lors de la revue sectorielle 2015 de l’éducation et en lien avec les capacités de l’ENSUP en matière de formation des enseignants pour les secteurs de l’éducation et de la formation professionnelle.
Rappelant que l’ENSUP a été créée en 1963, son directeur général, Ibrahima Camara, a précisé que les missions de l’établissement avaient été redéfinies en 2000 puis en 2010 pour prendre en compte la création de l’Université de Bamako et la nécessaire évolution de ses statuts au regard de ce nouveau contexte universitaire.
Les missions de l’ENSUP sont la formation initiale, professionnelle et continue des professeurs de l’enseignement secondaire et universitaire, postuniversitaire, le perfectionnement, la recherche scientifique, technologique et pédagogique, la préparation aux concours de l’agrégation de l’enseignement secondaire, le développement et la diffusion des connaissances et du savoir-faire. L’établissement abrite deux filières : une pour la formation des professeurs d’enseignement secondaire et une autre pour la formation fondamentale.
Selon Ibrahima Camara, avec l’adoption du système licence-master-doctorat (LMD) dans l’espace l’UEMOA, les diplômés de l’ENSUP sont depuis quelques années confrontés à un problème d’équivalence. Le département a été à maintes reprises interpelé à ce sujet. « Cette question mérite qu’on réfléchisse en vue d’y apporter une solution définitive. Si dans l’ordonnance n°10-26 du 4 août 2010, la formation des professeurs de l’enseignement normal et fondamental, celle qualifiante des conseillers pédagogiques et des inspecteurs de l’enseignement fondamental et continue des administrateurs scolaires étaient des missions assignées à l’ENSUP, ces missions n’apparaissent pas dans la loi n°2012-044 du 16 novembre 2012. Toutefois l’Ecole normale supérieure continue à assurer la formation des professeurs d’enseignement fondamental. N’est-il pas opportun de réfléchir à cette situation ? Ne faudrait-il pas relire la loi N°2012-044 afin que l’ENSUP puisse en toute légalité assurer ces missions ? », a interrogé le directeur général de l’ENSUP, avant d’indiquer que l’établissement est également confronté à une insuffisance criarde de ressources matérielles et financières. Les laboratoires sont sous-équipés avec des produits chimiques obsolètes voire dangereux et la bibliothèque est de moins en moins fréquentée.
S. Y. WAGUE
source : L’ Essor