REELECTION DU PRESIDENT MALIEN

Face aux montagnes de défis, il faut à IBK, plus que des talents d’alpiniste

Et de deux pour Ibrahim Boubacar Kéita (IBK) ! En effet, hier, 16 août 2018, les résultats officiels ont confirmé sa victoire au second tour de la présidentielle qui le mettait aux prises avec son challenger de toujours, Soumaïla Cissé, qui n’aura récolté que 32,83% des voix contre 67,17% pour le vainqueur. Ainsi donc, s’ouvre pour le natif de Koutiala, un second quinquennat avec de nombreux challenges. A commencer par le défi sécuritaire qui reste entier, eu égard notamment aux violences qui ont émaillé le scrutin par endroits et à l’incident dramatique du second tour qui a vu la mort d’un président de bureau de vote ; toutes choses qui constituent autant d’éléments révélateurs de la profondeur de la crise que traverse le pays depuis maintenant cinq ans. En effet, depuis l’attaque repoussée, en 2013, des djihadistes qui avaient à cœur d’y ériger un califat, le Mali n’a jamais connu véritablement la paix.

Il appartient au candidat Soumaïla Cissé de se montrer bon perdant

Et malgré le déploiement de forces internationales à l’appui des Forces armées maliennes (FAMA), des régions entières du pays dont le septentrion et le Centre, échappent encore au contrôle total de Bamako, en raison des groupes armés et autres groupes terroristes à l’idéologie obscure qui y pullulent et qui semblent y avoir durablement installé leurs pénates. Et ce n’est pas tout, puisque la situation est rendue encore plus complexe par les récurrents affrontements meurtriers à forts relents ethniques entre bergers peuls et chasseurs dogons, dans un imbroglio total qui ne permet pas toujours de savoir qui fait quoi et dans quel but, dans ce Mali qui semble toujours à la recherche d’une stabilité durable. C’est dire si, d’ores et déjà, la question sécuritaire s’impose comme l’un des défis majeurs du deuxième mandat du président IBK. Pour sûr, il sera attendu sur ce terrain-là. Mais ce sont autant de dossiers qu’il connaît, du reste, assez bien, pour avoir été pratiquement au quotidien de son premier quinquennat. Mais en attendant la validation des résultats par la Cour constitutionnelle, tout porte à croire qu’IBK devra aussi travailler à la réconciliation de ses compatriotes qui sortent fortement divisés de ces consultations électorales où 23 candidats étaient initialement en lice. Et à l’entame de ce deuxième mandat, c’est une forte contestation qui a accompagné la proclamation des résultats. Surtout de la part de son challenger du second tour qui criait déjà à la fraude bien avant la proclamation des résultats et dont le représentant à la Commission de centralisation des résultats, avait claqué la porte en dénonçant «des résultats issus de bourrages d’urnes ». Toutefois, il appartient au candidat malheureux, Soumaïla Cissé, de se montrer bon perdant et de savoir jouer balle à terre. Car, à y regarder de près, sa défaite était quelque peu prévisible, non seulement en raison de l’avance considérable qu’avait prise son rival au premier tour, mais aussi et surtout parce que lui-même a visiblement
échoué à fédérer l’opposition autour de sa candidature au second tour. Malgré les imperfections signalées ça et là, notamment d’ordre organisationnel comme relevé du reste par certains observateurs internationaux, l’on peut se convaincre que le scrutin s’est globalement bien déroulé et que la victoire du président IBK ne fait pas l’objet de doute.

Il est impératif, pour les Maliens, de tourner au plus vite la page de cette présidentielle

Toutefois, l’on attend de voir ce que l’appel à la mobilisation générale du candidat perdant qui ne parle que de trucage et de bourrage des urnes, va donner. On espère que d’ici là, la raison va prévaloir et que seules les voies officielles de recours seront privilégiées pour vider le contentieux électoral. Il y va de la paix sociale et de la crédibilité de la classe politique face aux souffrances du peuple.
En tout état de cause, il est impératif, pour les Maliens, de tourner au plus vite la page de cette élection présidentielle. Surtout le président IBK qui doit se garder de tout triomphalisme, au regard du bilan mitigé qui est le sien, au sortir de son premier mandat. En effet, avec un accord de paix qui peine véritablement à être appliqué sur le terrain et une insécurité qui s’est étendue du Nord au Centre du pays, il y a lieu de croire que IBK aura fort à faire pour redresser une situation économique déjà peu reluisante et qui risque d’être encore plus affectée avec l’extension de l’insécurité à d’autres contrées du pays dont la région du Centre. En effet, cette région qui est connue pour être une zone de grande productivité agricole mais aussi d’élevage, n’est visiblement pas à l’abri d’une diminution de son potentiel non seulement pour des raisons climatiques, mais aussi parce qu’elle est en passe de devenir l’épicentre des attaques terroristes dont nul n’ignore l’impact négatif sur l’économie. Ce, au moment où le pays n’est pas loin de prononcer le requiem du tourisme qui était pourtant l’un des maillons forts de son économie. Pendant ce temps, la question du chômage se pose avec encore beaucoup plus d’acuité à une jeunesse quelquefois diplômée mais toujours en manque de débouchés et qui a les yeux rivés sur l’autorité centrale. Sans oublier les fléaux de la corruption et de la délinquance financière moult fois pointés du doigt au cours du quinquennat écoulé au point que le Fonds monétaire international (FMI) avait été obligé de donner de la voix pour chercher à voir clair dans certains dossiers. Pour toutes ces raisons, IBK doit avoir le triomphe modeste. Car, il y a lieu de croire que malgré sa victoire, ils sont nombreux ses compatriotes qui attendaient plus de lui. C’est pourquoi ce deuxième mandat apparaît comme celui du rachat pour tous ses compatriotes qui ont été plutôt déçus par son coup d’essai. C’est donc une montagne de défis qui se dressent devant le nouvel-ancien président du Mali à qui il va falloir plus que des talents d’alpiniste pour tirer son peuple vers les sommets, dans un pays où derrière chaque dune de sable, se cache un obstacle avec autant de mystères. Le chemin est donc encore long et parsemé d’embuches, mais les attentes des Maliens n’en sont pas pour autant moins fortes. IBK doit en prendre conscience.

Le Pays 

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