Primaires de l’Adema: les trois candidats jettent l’éponge

A peine annoncées, voilà que les primaires de la Ruche sont déjà dans l’impasse. Et pour cause ? Trois des postulants connus ; Kalfa SANOGO, Moustaph DICKO et Dramane DEMBELE, n’ont pas à tarder à suspendre leur participation au processus de désignation du candidat du parti à l’élection présidentielle de 2018. Un coup de tonnerre au sein du parti de l’Abeille d’autant que les frondeurs dénoncent des manœuvres dilatoires, du côté du comité exécutif, et vont jusqu’à prendre à partie le très respecté Dioncounda Traoré, suspecté de faire la part belle au président sortant.

Si les frondeurs aux primaires de l’Adéma sont dans la logique de rupture politique, ils n’ont pas encore clairement avoué la conduite à suivre, se contentant simplement, dans leur déclaration liminaire, de prendre « à témoin l’ensemble des militants ADEMA-PASJ qui tient à avoir un vrai candidat ». Comme quoi la tension reste vive dans la Ruche qui peine encore à retrouver ses marques pour le choix de son candidat à l’élection présidentielle à venir.
Les frondeurs courent-ils le risque d’une sanction probable pour conduite inappropriée vis-à-vis de la discipline intérieure ? Quelle allure politique le processus de désignation du candidat à la prochaine élection présidentielle, ainsi mis en mal, va-telle prendre ? La Ruche, accoutumée à ces querelles de chiffonniers, va-telle surmonter cette nouvelle crise ? Autant dire que la Ruche est loin d’exorciser ses vieux démons de la déchirure politique…

Déclaration liminaire

La 15è conférence nationale de notre parti, tenue le 25 mars 2017, à l’issue de ses travaux, a adopté des recommandations qui stipulent :
– Invite le Comité exécutif à préparer les prochaines échéances électorales en veillant à préserver le leadership du Parti au niveau local, régional et au niveau national ;
– Invite le Comité exécutif à engager dans les meilleurs délais le processus de choix du candidat du Parti à l’élection présidentielle de 2018 ;

Le Comité exécutif se devait de mettre en œuvre ces recommandations au plus tôt pour que le candidat du Parti soit investi 12 mois avant l’élection présidentielle.
Tout le monde a suivi les manœuvres dilatoires déployées depuis la conférence nationale par les premiers responsables du parti pour retarder, à défaut d’empêcher l’exécution de ces recommandations. L’engagement de ces responsables, à l’insu de la majorité des membres de notre organe de direction, à soutenir la candidature du Président sortant, les a emmenés à user de tous les moyens à cette fin. La majorité ayant fini par imposer l’application des textes régissant le parti lors de la réunion du 14 février 2018, le recours à la candidature du camarade Dioncounda TRAORE a été la trouvaille devant emmener de façon insidieuse et vicieuse le Parti à soutenir la candidature du Président sortant.

En effet, consulté, il y a quelques mois de cela, par le Président du Comité exécutif en personne, le camarade Dioncounda TRAORE a clairement dit qu’il ne se présentera contre le Président Ibrahim Boubacar KEITA si celui-ci décide de briguer un second mandat. Cette décision du camarade Dioncounda TRAORE est tout à fait compréhensible quand on sait toute la dette morale et politique qu’il doit à IBK. Pour ceux qui le ne savent pas, quand, en 1995, nous avons frôlé un coup d’Etat et que le Président Alpha Oumar KONARE a dû en catastrophe remplacer Dioncounda au Ministère de la Défense par le camarade Boubacar Sada SY, il a fallu l’insistance du Premier Ministre IBK pour que le Président ALPHA accepte Dioncounda dans le gouvernement au poste des Affaires étrangères.

Le grand frère Dioncounda n’est donc pas partant ; il l’a réaffirmé à plus d’un camarade. La stratégie est claire : le désigner coûte que coûte pour constater plus tard qu’il n’a pas accédé à la demande expresse de la majorité des membres des sections ou qu’il s’est désisté, en faveur d’IBK, naturelle. La mascarade est trop grosse et c’est pourquoi, pour ne pas la cautionner les camardes Moustaph DICKO, Dramane et moi-même avons décidé de suspendre notre participation au processus actuel de désignation du candidat du parti à l’élection présidentielle de 2018. Nous prenons, ce faisant, à témoin l’ensemble des militants ADEMA-PASJ qui tient à avoir un vrai candidat et un candidat factice. Au-delà des militants ADEMA, c’est l’ensemble du peuple malien qui attend un changement radical de gouvernance.

Au moment où le peuple malien vit un psychodrame, où son devenir en tant que Nation est soumis à rude épreuve, il nous semble que l’heure n’est pas au petit jeu politico-affairiste.

Nous éclairerons les militants dans les semaines à venir sur la suite que nous donnerons à notre position d’aujourd’hui.

Sikasso, le 20 mars 2018
Kalfa SANOGO, Moustaph DICKO et Dramane DEMBELE

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