Espagne : soupçonné de corruption, l’ex-roi Juan Carlos s’exile

C’est la stupeur, ce lundi 3 août au soir, en Espagne : l’ancien roi Juan Carlos va partir vivre en exil. C’est ce qu’annonce la Maison Royale. La décision a été acceptée par l’actuel monarque Felipe VI. Juan Carlos est soupçonné de corruption. Il aurait notamment touché une forte somme dans le cadre de la signature d’un contrat de construction d’une ligne ferroviaire à grande vitesse en Arabie saoudite.

 

Juan Carlos, âgé de 82 ans, a annoncé sa décision de quitter l’Espagne dans une lettre adressée à son fils, le roi Felipe VI, qui l’a acceptée et l’en a remercié dans un communiqué publié par la Maison Royale.

« Guidé […] par la conviction de rendre le meilleur service aux Espagnols, à leurs institutions, et à toi en tant que Roi, je t’informe de ma décision réfléchie de m’exiler, en cette période, en dehors de l’Espagne », a-t-il écrit sans préciser sa destination.

Longtemps révéré pour avoir mené la transition de la dictature de Franco à la démocratie, l’ancien monarque s’est résolu à l’exil après qu’une enquête a été ouverte en juin par le parquet de la Cour suprême. Celle-ci cherche à établir si Juan Carlos s’est rendu coupable de corruption en recevant de l’Arabie saoudite une énorme commission lors de l’attribution de la construction d’un TGV entre La Mecque et Médine à un consortium d’entreprises espagnoles.

En juillet, le chef du gouvernement, Pedro Sanchez, s’était dit « troublé » par ces « informations inquiétantes ». L’exécutif a simplement exprimé lundi son « respect » vis-à-vis de cette décision, dans un communiqué.

L’avocat de Juan Carlos, Javier Sanchez-Junco, a précisé dans un communiqué que l’ancien monarque ne cherchait pas à échapper à la justice en s’exilant mais restait à la disposition du parquet.

Cependant, le vice-président du gouvernement, Pablo Iglesias, a dénoncé sur Twitter une « fuite », que le chef du parti antimonarchiste Podemos juge « indigne d’un ex-chef d’État ».

« C’est un moment critique pour le régime instauré en 1978, parce que son grand artificier finit par abandonner le pays face aux accusations de corruption avec l’approbation d’une bonne partie de la classe politique, et dans un moment particulièrement difficile pour les institutions espagnoles », analyse pour sa part Raimundo Viejo Biñas, politologue à l’université de Barcelone et ancien député du parti Podemos. « Il s’agit d’un moment clé, qui aura des répercussions à long terme. Je ne sais pas si, à partir du choc provoqué par ce départ de Juan Carlos, on peut imaginer que le roi Felipe saisira l’occasion pour présenter une loi pour contrôler la Maison Royale, laquelle Maison Royale continue de bénéficier d’une grande marge de manoeuvre en dehors de tout contrôle. »

rfi (Avec AFP)

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