Processus de paix au Mali : Conclave à Bamako, l’insécurité partout !

Au moment où la Conférence d’entente nationale bat son plein à Bamako avec l’absence remarquée de l’opposition malienne et de certaines organisations de défense des droits de l’homme, les attaques continuent de plus belle sur le territoire malien. Le samedi 25 mars dernier, 5 personnes ont perdu la vie dans deux différents endroits du pays : Almoustrat, à 150 km au nord de Gao et Ouéléssébougou à 80 km de Bamako. A Boulkeissi, dans la nuit du 28 au 29 mars, 2 gendarmes ont été tués dans l’attaque d’un poste des Famas. Dans la même localité, le début du mois de mars, une attaque a couté la vie à 11 soldats maliens.

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A Bamako, le « train », selon la formule du président Ibrahim Boubacar Kéïta, de la Conférence d’entente nationale continue son petit bonhomme de chemin, volontairement fermé à l’opposition et aux organisations de défense de droits de l’homme. La rencontre se tient sur fond d’insécurité chronique qui n’épargne désormais aucune partie du pays.

Entente ou mésentente ?

Ils sont nombreux à bouder la rencontre qui a ouvert ses portes le 27 mars dernier au Palais de la Culture de Bamako. L’ancien ministre Soumana Sako, connu pour son intransigeance sur les questions d’intérêt national, a été le premier à décliner, lors des rencontres préparatoires, l’invitation de participer à la Conférence d’entente nationale. ‘’Zorro’’ est formel : la solution de la crise malienne se trouve dans « la convocation d’un Congrès Extraordinaire du Peuple malien, lequel Congrès Extraordinaire n’a rien à voir avec la Conférence d’Entente Nationale, d’autant moins que cette dernière est destinée, entre autre, à légitimer la fantasmagorique notion « d’Azawad » que l’Accord antinational d’Alger définit déjà comme étant une « nation ».

A trois jours de l’ouverture de la Conférence, le vendredi 24 mars, les groupes armés signataires de l’Accord d’Alger (la CMA et la Plateforme) et l’Opposition malienne décideront, à leur tour, de ne pas y participer. La CMA et la Plateforme dénoncent « la décision unilatérale de la partie gouvernementale de maintenir la Conférence… ». L’Opposition malienne, pour sa part, refuse de « participer à la conférence dite d’entente nationale du 27 mars et jours suivants par ce qu’elle n’est pas porteuse d’un dialogue refondateur inclusif » qu’elle réclame depuis plus de trois ans.

Patatras. Le 27 mars 2017, à l’ouverture de la conférence, la Plateforme est bien présente. Et la Coordination des Mouvements de l’Azawad(CMA) a finalement pris le train de la Conférence, le mardi 28 mars, en marche. Les responsables de l’ex mouvement séparatiste sont revenus à des meilleurs sentiments après que leurs « préoccupations majeures » soient prises en compte par le président de la République. Selon le Nord Sud Journal, pour faire participer les groupes armés signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, à la conférence, le gouvernement malien a dû les remettre 400 millions de Franc CFA.

L’Opposition malienne campe sur sa décision de ne pas participer à l’événement. Une médiation est en cours depuis hier pour faire changer d’avis l’Opposition. En entendant, elle reste donc sur le quai.

Il y a aussi ceux qui n’ont pas été conviés à la conférence d’entente nationale. C’est le cas de l’Association Malienne des Droits de l’homme(AMDH). Me Moctar Mariko, le président de l’Association déplore : « la marginalisation des organisations de défense de droits de l’homme » à l’événement. «  On devait faire une place aux organisations des droits de l’homme à la Conférence d’entente nationale, Notre rôle est pourtant crucial dans le processus de réconciliation nationale, l’impunité étant l’un des facteurs de la déstabilisation du Mali », explique Me Mariko.

Entente dans l’insécurité

Quelle place pour l’insécurité chronique au Mali lors de ses assises de Bamako ? La conférence est essentiellement organisée autour de trois grands thèmes : la paix, l’unité et la réconciliation nationale. Et pourtant le conflit intercommunautaire persiste au Centre du Mali. Le mercredi 22 mars 2017, au moins dix personnes ont trouvé la mort dans des heurts entre des chasseurs Bambara et des éleveurs Peulhs à Banikoro, cercle de Niono.

Le journaliste malien Adam Thiam, dans son récent ouvrage sur le Centre du Mali : « Centre du Mali: les enjeux d’une crise négligée », met en garde contre l’éclosion d’une question Peulh au Mali. Au centre du Mali, aujourd’hui, le vide créé par l’absence des administrateurs maliens emmène, en effet, les agriculteurs Bambara et les éleveurs Peulhs à régler leur différend par les armes. « Les amalgames et l’appui des forces armées sur des milices qui est en train d’accroitre une certaine stigmatisation de la communauté peulh…le recrutement massif du terroriste Amadou Kouffa au sein de la communauté peulh est en train d’accentuer cet amalgame… La découverte d’une dizaine de peulhs morts dans un puits en 2012 à Douentza, les différentes opérations de ratissage de l’armée accompagnées d’arrestations arbitraires entre 2013 et 2015 ou encore l’opération Seno en 2016 entachent l’attitude des forces armées maliennes dans le centre », selon Adam Thiam. Pire, dans le Centre, « des villages sont aujourd’hui séduits par les tribunaux islamiques », explique le journaliste malien.

Les militaires maliens payent aussi un lourd tribut à cette insécurité chronique. Le samedi 25 mars dernier, les forces maliennes de sécurité ont perdu 3 hommes dans une attaque à Almoustrat, à 150 km au nord de Gao. Deux hommes sont morts dans l’attaque, le même jour, du poste des douanes de Ouéléssébougou, localité située à 80 km de Bamako. A Boulkeissi, dans la nuit du 28 au 29 mars, 2 gendarmes ont été tués dans l’attaque d’un poste de militaires maliens. Dans la même localité, le début du mois de mars, une attaque a couté la vie à 11 soldats maliens. «  C’est bien de se réunir à Bamako pour trouver une solution à la crise malienne. Mais à quoi sert réellement un conclave à Bamako avec l’insécurité  partout ?», s’interroge une source sécuritaire préférant garder l’anonymat.

Madiassa Kaba Diakité

Source: Le Républicain

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