DÉCÈS DE HAMA SANKARE DANS UN ATTENTAT : Niafunké et Ali Farka Band pleurent un digne fils, un talent unique

Douze personnes ont trouvé la mort le dimanche 29 mars 2020 quand leur véhicule a sauté sur un engin explosif improvisé (EEI) dans le cercle de Niafunké (Tombouctou) dans le nord du Mali.

 

Selon des témoignages, les victimes étaient en partance pour Mopti, au centre du Mali. Parmi les victimes figurent Diadié Guindo dit Kopa, transporteur fluvial de son état ; et Hama Sankaré, artiste et ancien batteur de calebasse de feu Ali Farka Touré (bluesman qui a trois Grammy Awards à son actif et qui est décédé le 6 mars 2006) avec qui il a fait le tour du monde au moins deux fois. «Nous venons de perdre de nombreux dignes fils de Niafunké dans une voiture qui a sauté sur une mine entre Ngorkou et Saraféré», a témoigné un notable de Niafunké.

Véritable homme orchestre avec une joie de vivre à toute épreuve, Hama Sankaré était un compositeur, arrangeur, chanteur et joueur de calebasse renommé. Sa réputation a grandi rapidement grâce à sa remarquable présence aux côtés d’Ali Farka Touré ainsi que la Troupe de Niafunké et Tombouctou, l’Orchestre de Gao, Songhoy All stars et Mamadou Kelly. Il a, à son actif, deux albums solo dont le second, «Niafunké», est sorti seulement en avril 2019. Une belle œuvre de blues avec chant, basse, batterie, cordes et guitare.

Avec des complices de longue date comme Afel Bocoum, Yoro Cissé et Kandé Sissoko, il y poursuit  l’exploration des traditions de Niafunké afin de perpétuer l’œuvre commencé avec Ali Farka Touré, avec Oumar Konaté, Dramane Touré, Makan Camara, Ali Baba Traoré et Sékou Touré.

L’album s’ouvre sur le «Dewel Wegé», une chanson entraînante encourageant les hommes et les femmes à être fiers et confiants en eux-mêmes. Un ensemble riche en voix de groupe, guitares, basse, batterie et calebasse, l’installant rapidement dans un air contagieux pour préparer le mélomane à savourer le reste du disque.

Une belle œuvre d’adieu

Un somptueux album de 14 titres dont «Tiega Mali» qui met en évidence la violence et les souffrances du peuple malien depuis 2012. Une violence gratuite dont il a été malheureusement victime ce dimanche 29 mars 2020 avec ses 11 compagnons d’infortune. Dans une fascinante inspiration de blues, mélodieusement rehaussée par le ngoni, Hama et ses complices créent «une atmosphère spatiale avec leur voix et leur guitare». Et comme le commente un critique, «il est facile de ressentir le chagrin d’amour dans cette composition».

Enregistré au «Studio Bogolan» à Bamako, «Niafunké» rassemble la musique malienne traditionnelle et contemporaine pour produire un bel album avec beaucoup d’âme. Grâce à son immense talent, Hama a réussi à créer un équilibre artistique entre les compositions acoustiques/électriques et un enregistrement clair qui aide l’auditeur à s’approprier le message que chacun des 14 titres de l’opus véhicule. Comme le dit si bien Alex Brown, un confrère de «Roots World Magazine», l’artiste ne se «contente pas de préserver cette musique, il la porte passionnément pour la transmettre à la prochaine génération».

C’est dire que «Niafunké» (Niafounké) est une belle œuvre d’adieu de l’artiste à ses fans, aux mélomanes. Bien sûr, une maigre consolation par rapport à sa présence physique et scénique, la joie de vivre de ce talent très taquin.

Virtuose de la calebasse, Alpha Ousmane Sankaré dit «Hama» ou «Pedro» (pour ses proches) est donc une gloire de la musique malienne qu’un destin tragique vient de nous arracher. Si Niafunké perd en lui un digne fils, Ali Farka Band est désormais orphelin d’un de ses ténors, un fidèle et loyal camarade et compagnon du regretté Ali Farka Touré qu’il rejoint ainsi au Royaume d’Allah !

Repose en paix, l’Artiste, dans la Grâce éternelle d’Allah avec tes compagnons de voyage !

Alphaly

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