Les observations et conseils du Dr. DIAKITE au Ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique après sa visite à l’USSGB

Dans le cadre de sa visite dans les structures relevant de son département, le Ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique s’est rendu à la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion (FSEG) le lundi, 12 mai 2014 à partir de 16h30min. Et après avoir visité les locaux, le Ministre a rencontré dans l’Amphi 500 de ladite Faculté les personnels enseignant, administratif, technique et les étudiants de l’ensemble des structures l’USSGB (Université des sciences sociales et de gestion de Bamako) afin de cueillir à chaud les doléances et donner des éléments de réponse à certaines questions.

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De cette rencontre pleine de projets de bonne volonté du Ministre TALL, j’ai retenu quelques points essentiels sur lesquels je voudrais attirer l’attention et du Ministre (principal intéressé) et l’opinion nationale et internationale comme témoin. D’entrée de jeu, le Ministre a fait savoir, qu’il se retrouve à la tête de ce Département sans être un enseignant et encore moins un chercheur. Il a fait savoir qu’il est chef de Parti politique et s’attend défendre un bilan. Pour ce faire, il entend créer un climat de confiance entre les enseignants, les différents syndicats (enseignants et estudiantins) pour la résolution des problèmes des Universités du Mali. Il veut voir toutes les Universités du Mali démarrer l’année académique 2014-2015 le même jour et fermer le même jour, etc. S’il parvient à faire ce qu’il souhaite (associer les vrais acteurs de l’enseignement supérieur pour réaliser son projet), il aurait  gagné doublement (en personnalité et redorer le blason du Parti dont il est le chef – CNID).

Je tiens à signaler à Monsieur le Ministre que depuis l’avènement de la démocratie, plusieurs personnalités ont dirigé le département de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique (comme Ministre) et parmi ces personnalités, il y a eu des chefs de Parti politique (Pr. Mohamed Lamine TRAORE, Pr. Younouss Hameye DICKO, Amadou TOURE). C’est la première fois que le Département soit confié à un cadre qui n’est ni enseignantni chercheur, mais chef de Parti. Les souhaits du tout nouveau Ministre ne sont pas nouveaux (du déjà entendus) et je lui souhaite toutes les chances pour la réalisation de ses vœux.

J’aimerais attirer l’attention du Ministre TALL pour lui permettre de réaliser ce qu’aucun de ses prédécesseurs n’a eu à obtenir comme résultats dans l’enseignement supérieur. Je suis convaincu que le fait qu’il ne soit ni enseignant, ni chercheur soit un des meilleurs éléments à exploiter pour mieux comprendre les problèmes existants et trouver des solutions idoines en mettant en avant les principaux acteurs. L’enseignement supérieur est le sommet de l’intelligentsia de tout pays. Donc l’Enseignant du supérieur est au-dessus d’un certain nombre de choses qui fait qu’il n’a de pressions à subir d’aucun pouvoir (Ministre, Assemblée nationale, Président de la République, etc.). Au Mali les problèmes de ce corps étant connus, le Ministre doit mettre les Enseignants du supérieur dans les meilleures conditions de vie et de travail avec obligation de résultats. Il ne doit en aucun cas faire comme ses prédécesseurs l’ont toujours fait (prendre des décisions dans leurs bureaux sans associer les principaux acteurs). Comme je l’ai écrit dans « Pourquoi le Cabinet prend en otage la rentrée universitaire 2013-2014), Maliweb du 20 février 2014.» les Enseignants ont la solution à tous les problèmes de l’enseignement supérieur, donc pour une éventuelle recherche de solutions il faudra les impliquer.

Les Enseignants du supérieur ont farouchement lutté pour avoir un certain nombre d’avantages afin d’améliorer leurs conditions de vie et de travail et je prends un exemple très sensible que les Gouvernements successifs veulent supprimer : les heures supplémentaires. J’ai expliqué en long et en large dans la publication citée ci-dessus comment les heures supplémentaires sont affectées à chaque grade d’Enseignant, comment elles sont calculées et quel est le montant d’une heure supplémentaire effectuée. Les Enseignants ne peuvent pas ne pas enseigner les cours aux étudiants (qui sont en nombre pléthorique avec très peu d’infrastructures) sous prétexte que l’Etat ne veut pas s’assumer en décaissant de l’argent pour payer leurs énormes efforts consentis. Les statistiques données par le Recteur Samba DIALLO à la rencontre doivent vous alerter par rapport aux heures supplémentaires : plus de 18 000 inscrits et encore plus de 1 000 autres à inscrire, soit environ20 000 étudiants à l’Université des sciences sociales et de gestion de Bamako (USSGB) pour 235Enseignants et un patrimoine presque inexistant (1 Amphi 500, 2 Amphis 200 à l’ouverture et 2 Amphis 200 au mois de mai pour la FSEG, la FHG (Faculté d’Histoire et de Géographie) et l’IUG (Institut Universitaire de Gestion) n’ayant pas grand-chose). Et il faut multiplier ces problèmes par quatre (4), car nous avons quatre Universités qui ont été créées pour résoudre les problèmes de l’Université de Bamako au vu et au su de tout le monde sans l’adhésion des enseignants. Donc l’Etat a le droit de multiplier les dépenses inutilement et provoquer une crise au niveau de l’enseignement supérieur au risque de détériorer la qualité de l’enseignement fait à nos étudiants. Dans la foulée de cette scission une Faculté ordinaire a été érigée en Université (Faculté des sciences juridique et politique – FSJP) composée d’une Faculté de Droit publique et d’une de Droit privé. Du jamais vu dans l’histoire des Universités et pourtant vous êtes Juriste, Monsieur le Ministre, et vous étiez Député au moment de la scission. Vous avez donc  votre part de responsabilité des problèmes de l’enseignement supérieur.

Je rappelle que vous (le Ministre TALL) faites partie de ceux-là qui ont créé l’AEEM et l’utilisé à des fins politiques. La chance vous est donnée pour que vous puissiez vous racheter afin de corriger les différents torts à l’encontre du système éducatif malien. Le système enclenché depuis 1992 a provoqué la dégradation programmée de l’école malienne. Je vous prie, Monsieur le Ministre de gérer l’AEEM avec fermeté et de bien prendre en compte ses doléances si vous voulez commencer et finir le même jour la nouvelle année académique.

Je suis sûr d’une chose, c’est que n’importe quel cadre de notre pays peut réussir à bien gérer le Département de l’enseignement supérieur, pourvu qu’il ait un esprit de collaboration avec les principaux acteurs, qu’il choisisse une équipe compétente et innovatrice pour amorcer le changement tant attendu (car le compteur de ce Département est à zéro, aucun Ministre n’ayant réellement bien travaillé). Un des Ministres de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique a scindé l’Université du Mali en quatre (4) Universités inutilement, je voudrais que vous fusionniez les Universités de Bamako utilement afin de diminuer les dépenses de l’EtatEt pour ce faire vous ne pourrez jamais faire du neuf avec de l’ancien.

 

Comme l’a dit le célèbre économiste Herb STEIN : « Ce qui n’est pas durable ne peut durer et devra bien cesser un jour ».

 

Dr. Sékou DIAKITE

Président de l’Association « Mouvement  pour le Changement à Kati (MCK) »

Cel. : (+223) 65 73 64 62   

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