Afrique de l’Ouest : Le Syndrome du 3ème Mandat

La fièvre du 3ème mandat aura-t-elle raison de la stabilité précaire dont l’Afrique de l’Ouest francophone se réjouissait ? C’est la question que tout le monde se pose.

 

En effet, entre menaces djihadistes émergentes ou consolidées, la crise de la Covid 19, les violences pré électorales qui n’augure rien de bon, et les conflits post électoraux qui vont crescendo, tout le monde est suspendu au dénouement des différents foyers de tension en Guinée, au Mali et en Côte d’Ivoire, mais aussi aux risques réels qui se profilent à l’horizon au Sénégal, concernant la supposée candidature de Macky Sall à un 3ème mandat.

L’Afrique de l’Ouest, qui naguère était présenté comme un laboratoire de la démocratie à travers les expériences d’alternance réussies au Bénin, au Sénégal, au Cap Vert, et même au Mali, cherche aujourd’hui sa voie. C’est vrai, certaines officines occultes avaient prédit la disparition des régimes politiques les plus fragiles après le passage de la pandémie de la Covid 19.

L’histoire semble leur donner en partie raison, avec la chute du régime d’Ibrahim Boubacar Keita (IBK) au Mali sous la pression de la rue. Celui de Alpha Condé a dû recourir à des subterfuges et à la force brutale pour faire passer sa victoire au premier tour de l’élection présidentielle du 18 Octobre, aujourd’hui contestée.

Quant à Alassane Ouattara , il peine à se faire accepter sa candidature  à la tête de la Côte d’Ivoire, pour un troisième mandat qui risque d’être le mandat de trop, par les prémisses qu’elle annonce déjà, avec une série de violences suivie de mort d’hommes .

Tout semble être conduit par un « Deus ex Machina » pour qui il faut mettre en coupe réglé les éléments d’un processus politique autour de 3 règles d’or : modifier la Constitution de son pays par Referendum, ensuite instituer le système de parrainage pour les candidatures à la présidentielle, afin de faire le tri parmi ses challengers, et rendre inéligible, grâce à une condamnation pour détournement de deniers publics, son adversaire le plus redoutable.

Macky Sall a testé en premier ce schéma en 2019 pour se retrouver finalement avec 4 adversaires sur la bonne dizaine de candidature, et en mettant Khalifa Sall, puissant Maire de Dakar en prison, pour détournement de deniers publics.

Alpha Condé et Alassane Ouattara ont quasiment utilisé le même modus operandi. S’ils n’ont pas modifié leur Constitution pour se donner la possibilité de briguer un 3ème Mandat, ils l’ont interprétée, ou fait interpréter dans ce sens, avec en prime pour Alassane Ouattara, la mise hors-jeu des deux adversaires redoutables pour lui à savoir Ms Laurent Gbagbo et Guillaume SORO pour des motifs liés aux supposées poursuites judiciaires engagées à leur encontre.

Au total, Ouattara a choisi ses 3 adversaires pour l’élection présidentielle ivoirienne du 31 Octobre 2020, comme Macky Sall  ( qui en avait 4) en 2019 au Sénégal.

Le mode d’emploi est bien suivi pour mettre hors de course les opposants à la confiscation et à la conservation du pouvoir, ce qui n’est pas sans risques de troubles pour la sous -région
La Guinée et la Côté d’ivoire sont en train d’inaugurer une ère lourde d’incertitudes en Afrique de l’Ouest jusqu’en 2024. Le Burkina Faso semble d’ores et déjà avoir tiré la leçon, lui qui a engagé les concertations pour des élections apaisées.

Mais comme le dit l’adage les mêmes causes produisent les mêmes effets.
Vivement que l’élection soit le moment pour célébrer la démocratie et la liberté
Allafrica.com

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